Constitution du Comité de solidarité avec Cajamarca à Paris

La réunion réalisée le 19 avril à la Maison des Associations du 13ème arrondissement de Paris s'inscrivait dans  la continuité de celle du 10 Février réalisée à la Maison de l'Amérique Latine,  appuyée par La Casa Santa Fe de Paris, Tierra y Libertad, le Colectivo de Peruanos en Francia y France Amérique Latine .
Un communiqué de solidarité avec la population de Cajamarca en lutte contre le Projet Conga de l'entreprise Yanacocha, approuvé par ces organisations, avait été diffusé . Les signatures ont d'abord été recueillies manuellement, notamment  lors de FAME 2012 à Marseille, puis le communiqué a été mis en ligne sur le site  http://solidaritecajamarca.blogspot.fr  crée à cette intention  250 citoyens français, latino-américains et du monde entier l'ont déjà signé.

Tous les signataires du communiqué résidant en France étaient invités.

Les objectifs de la réunion étaient  de donner des informations sur l'évolution de la situation et de la mobilisation contre le projet Conga sur le terrain, d'apporter des informations sur  la réalisation du FAME à Marseille,  de décider collectivement des initiatives à prendre pour élargir  la campagne de solidarité en France et de former un comité de solidarité ;

DEROULEMENT DE LA REUNION
Après la projection d'un document audio-visuel relatant la marche nationale de l'eau  déroulée du 1er au 10 février au Pérou,  de Cajamarca à Lima , les points suivants ont été abordés :
1.    informations sur la situation actuelle et les derniers développements de la lutte à Cajamarca (cf annexe Vicente)
 2.    Informations sur la réalisation de Forum Alternatif Mondial de l'Eau à Marseille (14-17 mars 2012) (cf annexe Françoise)
 3.    Prises de parole des participants sur les intiatives à prendre pour renforcer la campagne de solidarité, l'amplifier  et sur  la composition du comité de solidarité

Pour amplifier la campagne, les  participants ont fait des propositions concrètes :
-       Que chaque participant intervienne  dans son réseau et secteur d'activité pour obtenir des signatures de personnalités dans le  monde universitaire et scientifique, celui des élus et organisations sociales politiques , celui des associations de défense des droits de l'homme et dans le milieu artistique,
-      publication du communiqué dans un journal péruvien
-      réalisation d'une mobilisation devant l'Ambassade au moment de la remise du communiqué
-      organisation de la solidarité concrète avec les victimes de la répression et leurs familles à Cajamarca. ( consulter la liste des blessés et victimes sur le blog :  Peru-observacion en marcha del agua.)

Sur la composition et la nature du comité de solidarité
Outre les membres des organisations et citoyens participant de l'initiative initiale, pendant la  réunion du 19 avril, (plus d'une trentaine de participants) ,un certain nombre de  citoyens ou membres d'associations  ont manifesté la volonté  de participer et de former le comité de solidarité
Ainsi  ce comité serait initialement composé de  représentants de  FAL (Nelly),  Colectivo de Peruanos en Francia (Marco), Association Tierra y Libertad (Raquel), CALPA (Pierre), UNIPOMA (Julio), ATTAC Paris 13 (Mimosa), Collectif non gaz de schiste (Brig), Nuestra America (Orlando) et de  citoyens (Celso, Françoise, Jean (membre de Casa de Santa Fe), Aida, Julio, Yvan )
 Le comité, lors d'une  prochaine réunion, mettra en discussion les  règles de son fonctionnement et de son élargissement. Le soutien des associations, collectifs, réseaux  démocratiques  uniquement pacifistes est souhaité.
Il a été rappelé que, dans le cadre de ce comité, il  s'agissait de développer un travail d'équipe, constructif et  unitaire de solidarité, à partir de la France, avec la population de Cajamarca en lutte contre le projet Conga, pour la défense de l'eau, de ses ressources naturelles, de sa santé et de son avenir ;
- que le travail d'équipe devait se réaliser dans la confiance entre membres convaincus de la justesse de la cause et disposés à s' investir dans le travail collectif et à réaliser les efforts nécessaires à sa réalisation ,
-que le blog récemment crée pour mettre le communiqué en ligne  devait être géré  collectivement pour la diffusion d'informations mettant en relief le caractère UNITAIRE de la mobilisation à Cajamarca et du mouvement de solidarité en France

Décisions prises
  tâches à réaliser :
- publication du communiqué de solidarité au Pérou (journal La Republica), financement
-      remise du communiqué accompagné d'une lettre actualisée sur la situation à l'Ambassade du Pérou à Paris, et organisation d'une  mobilisation-délégation de personnes et organisations signataires du communiqué , la date du 4 mai a été proposée ;
-      la 1ère réunion du comité a été fixée au jeudi 26 avril  (19h Inti)


INFORMATION SUR LA SITUATION ACTUELLE AU PEROU
 
La situation du Pérou en ce moment doit être mise en parallèle avec celle de 2008-2009, lors du conflit de Bagua, celui d’une grande tension sociale. Il convient de rappeler que le 5 juin 2009, plus de 30 personnes résultèrent tués par la décision du gouvernement García qui choisi de donner une solution militaire au conflit qui avait surgi par l’opposition des peuples de l’Amazonie à un ensemble de lois qui allaient à l’encontre des droits des peuples indigènes. Alors le gouvernement García, face à l’indignation nationale et internationale dût reculer du moins partiellement. A Paris et dans plusieurs villes d’Europe avaient eu plusieurs initiatives de solidarité.

Ollanta Humala, avant d’être président du pays, s’était engagé devant le peuple de Cajamarca de l’accompagner dans sa lutte contre les entreprises minières pour défendre l’eau. Dès novembre 2011, quelques mois après son élection comme président, au lieu de remettre en question les décisions prises en fin de mandat du président sortant par une série d’irrégularités, Humala change d’avis et affirme ‘nous pouvons avoir l’or et l’eau’. Ceci est la réponse à la demande du  gouvernement régional et des organisations sociales de Cajamarca de déclarer inviable le projet d’exploitation minière Conga, expansion des opérations du consortium Yanacocha de ses exploitations dans la province de Cajamarca vers les parties hautes, sources d’eau des provinces de Celendín, Cajamarca et Bambamarca, (20 mille hectares affectés à une vingtaine kilomètres du fleuve Marañón, l’un des principaux affluents de l’Amazone). La position du gouvernement régional de Cajamarca exposés par les autorités de Cajamarca, s’est cristallisé dans l’Ordonnance Nro 36- 2011. S’appuyant sur des lois régissant les compétences  des gouvernements régionaux, la décentralisation et les politiques de protection de l’environnement, cette ordonnance établit la protection des ‘cabeceras de cuenca’ (les sources d’eau à plus de 3500 mètres d’altitude) et de ce fait déclare inviable la mise en exploitation de la concession minière de Conga. Il faut  rappeler que des 4,800 millions d’euros a y être investis, seulement resteront  dans la région moins de 700 millions (y compris les salaires de 7000 ouvriers) puisque la plupart iront  en œuvres d’infrastructure et pour l’achat d’un concasseur (machine pour extraire le minerai des roches).

Le changement de position du président Humala correspond bien à la pression exercée par les besoins du système économique et financier pour faire face à la crise présente. L’or sert comme refuge vis-à-vis de l’instabilité monétaire (du dollar, et de l’euro). Et comme les hydrocarbures, les métaux sont indispensables pour l’accroissement de la production industrielle des nouvelles puissances économiques comme la Chine et l’Inde.

Mais ce changement de position ne correspond point avec les intérêts ni du Pérou ni de la région de Cajamarca De ce fait, et dans une dynamique économique néolibérale, la région de Cajamarca depuis le milieu des années 1990 était devenue  la principale région productrice d’or du Pérou.

L’exploitation minière à ciel ouvert, technique contemporaine employée de plus en plus au Pérou, comporte l’utilisation d’énormes quantités d’eau pour pouvoir extraire avec des réactifs le peu de métaux précieux qui peuvent exister dans des tonnes et des tonnes de terre, auparavant agricole : la mine consomme 4 fois plus d’eau que la ville de Cajamarca et ses deux cent quatre vingt mille habitants !

Il ne faut pas considérer que les pays de l’Amérique latine peuvent faire faire n’importe quoi avec cette eau et cette biodiversité du fait qu’ils sont dépositaires du 50% des sources d’eau douce  et de 50% de la biodiversité de la planète. Dans le cas du Pérou, l’eau douce n’est pas distribuée uniformément : 60% de la population vit dans sur la région côtière qui dispose seulement de 2% de cette eau. Mais nous ne pouvons pas faire couler une partie des 92% qui vont vers l’Amazonie ou celui restant qui va vers le Lac Titicaca sans risquer de mettre en déséquilibre les écosystèmes amazoniens et du Haut plateau andin. Ceci d’autant plus que le réchauffement climatique et l’action irrationnelle des hommes fait déjà sentir ses effets sur les glaciaires tropicaux andins et sur les sources d’eau des parties hautes des Andes. Et si l’on sait que l’Amazonie est le fait des eaux des Andes, nous pouvons imaginer les conséquences.

L’économie de l’or, si  elle s’inscrit bien  dans la continuité  de l’histoire du Pérou des cinq derniers siècles,  ne correspond pas  avec l’histoire de longue durée de l’économie du pays (avant la domination étrangère les techniques d’extraction de métaux n’étaient pas nocives pour la Pachamama). L’histoire des exploitations minières au Pérou depuis cinq siècles est désastreuse pour la terre et pour les êtres humains. Nous en donnerons quelques exemples. Mais pour comprendre la gravité du problème, il faut savoir tout d’abord que ‘cocha’ est un mot quechua qui signifie lac, lagune, étendue d’eau. Yanacocha (Lagune Noire): aujourd’hui c’est le nom que s’est donné le consortium minier principal producteur d’or de toute l’Amérique mais, pour ce faire cette entreprise  a détruit  la lagune qui portait d’abord ce nom, laissant à sa place un paysage lunaire, sans eau ni vie.

En décembre 1928, Morococha (Lagune de plusieurs couleurs), dans le département de Junín, disparait : l’entreprise étatsunienne Cerro de Pasco Cooper Corporation avait fait creuser deux galeries souterraines au fond de la lagune provocant de ce fait l’aspiration de l’eau de la lagune et la mort de plusieurs mineurs . Finalement, Il suffit de visionner par Internet des images de la ville de Cerro de Pasco avec au milieu le trou béant de l’exploitation minière qui contamine le sang des habitants avec du plomb et qui l’avale et  la fait disparaître petit à petit.

Revenons donc sur le changement de position du gouvernement Humala.
Il y a deux mois, et sans concertation avec le gouvernement régional ni avec le mouvement social de Cajamarca, le gouvernement a décidé de commander une expertise à trois étrangers pour qu’ils se prononcent sur la qualité de l’étude d’impact environnemental –EIA par ses sigles en espagnol- du projet Conga (étude qui avait été approuvée par les fonctionnaires du ministère de l’énergie et des mines en octobre 2010). Parallèlement il a entrepris une politique de remise en question de l’autorité du gouvernement régional de Cajamarca (intervention des comptes, création d’une coordination ministérielle à Lima pour mettre en place certains projets dans la région, appel au  Tribunal constitutionnel pour  se prononcer sur l’inconstitutionnalité de l’ordonnance régionale Nro. 36-2011) et  persécution judiciaire de plus de quarante dirigeants qui s’opposent à l’exécution du projet Conga. Parmi ces derniers : Gregorio Santos, le président de la région Cajamarca, Marco Arana (dirigeant de Tierra y Libertad) Carmela Sifuentes, présidente de la Confédération Générale des Travailleurs du Pérou –CGTP ;  Idelso Hernández dirigeant paysan et président du Front de défense des intérêts du peuple de Cajamarca ; Wilfredo Saavedra, président du Front de défense de l’environnement de Cajamarca, Ingénieur Sergio Sanchez Ibanez, (Grufides), Jorge Spelucin, dirigeant du Front de Défense de San Marcos, Edy Benavides, Pt du Front de Défense de Bambamarca, Reinhard Seifert, citoyen allemand, conseiller technique du Front de Défense environnemental de Cajamarca).

Avant la remise du rapport des experts étrangers, le gouvernement a envoyé plus d’un millier de policiers et de soldats à Cajamarca, Celendín et Bambamarca.

Cette dernière semaine, tandis que le gouvernement de Cajamarca, par l’intermédiaire du président de l’assemblée des gouvernements régionaux faisait un premier pas pour rétablir le dialogue avec le gouvernement central, et après l’avoir reporté par trois fois consécutives, les experts ont remis leur rapport (consultable sur Internet) le même jour que le Tribunal constitutionnel a déclaré inconstitutionnelle l’ordonnance régionale Nro 36-2011 !! (Il convient de rappeler qu' au cours de ces cinq dernieres années, les gouvernements péruviens ont agi de la même sorte pour déclarer inconstitutionnelles  les ordonnances des gouvernements régionaux de Puno et Cusco qui déclaraient la feuille de coca patrimoine culturel et de la biodiversité ainsi que source pour le développement économique de leurs régions). Il s’agissait non seulement d’une opération de communication montée mais d’une expression de plus de la maladie du centralisme qui caractérise l’Etat péruvien depuis le début de la vie républicaine.

Face à ces décissions, le peuple de Cajamarca et son gouvernement régional conservent leur fermeté de  principe. Ils demandent un délai de temps pour que le rapport des experts étrangers soit étudié en prenant compte aussi des autres études qui remettent en cause l’EIA et préparent l’organisation d’une consultation citoyenne pour le 5 juin prochain (date du  massacre de Bagua, de 2009). Le gouvernement régional présidé par Gregorio Santos prépare par ailleurs un  appel devant la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme pour défendre son ordonnance Nro 036-2011.

Ce qui est en question aujourd’hui au Pérou c’est  la possibilité  de mettre en place un autre type de modèle économique dans une région ; la possibilité  d’en finir avec le centralisme de l’Etat ;
Le besoin le plus saillant aujourd’hui est la solidarité internationale. Une solidarité qui mette à la fois en réseau la lutte de Cajamarca avec les luttes d’autres peuples dans différents pays pour la défense de la vie et de la Pachamama et contre l’économie néolibérale.

Vicente Romero

PS Au lendemain de notre réunion de constitution du Comité de Solidarité avec Cajamarca, à Paris, le président Humala s’est empressé de déclarer que le projet Conga est viable si le consortium minier Yanacocha apporte des modifications à son projet d’exploitation suivant les observations faites par les experts étrangers. Ses déclarations vont à l’encontre de ce que ses propres ministres avaient déclaré la veille : que les ministères concernés par ce projet (de l’environnement, de l’énergie et des mines, de l’agriculture) allaient prendre le temps pour se prononcer sur le rapport des experts étrangers. Il n’y avait pas de quoi s’étonner d’entendre  le lendemain les  chefs des grands patrons péruviens (CONFIEP) saluer la décision d’Humala et,  d'un autre côté les déclarations de  la principale intéressée pour Conga (Yanacocha –Newmont, Buenaventura, Banque Mondiale), qui s’engage à considérer les demandes formulés par le chef d’Etat. La messe semble avoir été dite d’avance !



Compte-rendu FAME 2012 -FORUM ALTERNATIF DE L'EAU

Des remerciements ont été adréssés aux organisateurs des axes thématiques « Eau et Extractivisme » et « Partage des Eaux » qui, lors des journées organisées les 15 et 16 mars 2012, à l'intérieur du Forum Alternatif mondial de l'eau, ont permis   la diffusion de la problématique et de la lutte de la population de Cajamarca contre le projet Conga  ainsi que les manifestations de  solidarité.
Trois intervenants ont en effet eu la possibilité de faire connaître la lutte contre le projet Conga aux participants du FORUM ALTERNATIF DE L'EAU   et la participation de l'expert Pedro Arrojo, Professeur émérite de l'Université deZaragosa ,( prix Goldman 2003   et Président de la commission des observateurs internationaux de la Marche de l'Eau), très remarquée et médiatisée a contribué fortement à sa visibilité ;  80 personnes ont apporté leur soutien à la lutte contre le projet COnga en signant le communiqué de solidarité lors de ces journées;

1. Crise mondiale de l'Eau :
Le slogan de la mobilisation contre le projet Conga  « Agua si, Oro no ! (l'eau oui, l'or non)  est  d'une actualité extrême et en phase complète avec la crise mondiale de l'Eau :  l'eau devient ou est déjà plus rare que l'or sur notre planète.
 800 millions d'hommes  n'ont pas d'eau potable et 4000 enfants meurent chaque jour dans le monde à cause de l'eau contaminée.
Comme causes de cette crise mondiale sont évoqués l'accroissement et l'urbanisation de la population mondiale, le changement climatique mais tous reconnaissent que nos modes de production et de consommation, le modèle de développement économique et financier dominant qui entraîne la surexploitation des ressources naturelles, la pollution et la surconsommation sont en cause et qu'une nouvelle approche est indispensable
Rappel : au niveau des Etats et gouvernements, lors du Sommet du Millénaire des Nations Unies à New York en 2000, un objectif concernant  l'eau avait été fixé : réduire de moitié la population sans accès à l'eau potable et à l'assainissement avant 2015 ;
La reconnaissance du droit à l'eau comme partie intégrante des droits de l'homme dans la déclaration de l'Assemblée générale des Nations Unies du 28 juillet 2010, obtenue grâce à la lutte des organisations sociales et des populations, a constitué  une avancée.
 Mais ce droit n'est ni connu, ni reconnu, ni effectif
Comme l'eau devient rare, elle se transforme en marchandise et des multinationales veulent s'accaparer les marchés sous couvert d'aider l'humanité, elles vendent l'eau à ceux qui peuvent l'acheter ;

2. DEUX FORUMS , DEUX VISIONS DU MONDE
Se tenaient simultanément à Marseille le FORUM MONDIAL DE L'EAU , du 12 au 17 mars 2012( organisé par le Conseil Mondial de l'Eau,- l'Etat français et la ville de Marseille) et le FORUM ALTERNATIF MONDIAL DE L'EAU (organisé  par la coordination « Eau bien commun » composée d'Associations, de collectifs, d'ONG et de réseaux) du 14 au 17 mars.
 Rappel : le Conseil Mondial de l'eau ,créé en 1996, a comme  Président  le PDG de la Société des eaux de Marseille, filiale de VEOLIA, N°1mondial de l'eau- ; Il  organise tous les 3 ans un Forum mondial ( Mexico en 2006 , Istambul en 2009,le prochain est prévu en Corée du Sud en 2015) ;
Participent à ce forum officiel des représentants d'Etats et de gouvernements et d'organisations internationales.

 Le Forum Alternatif de l'Eau se réalisait aux Docs sud de Marseille : autour du thème:EAU SOURCE DE VIE PAS DE PROFIT , l'eau n'est pas une marchandise,
La   reconnaissance du droit à l'eau est indispensable mais pas suffisante :  la gestion publique et  démocratique  de l'eau par les citoyens est une revendication majeure.
Dans ce forum, la parole est donnée à ceux qui n'ont habituellement pas de voix :militants, collectifs, ONG, associations mais pas de partis politiques en tant que tels ;
 succès de participation (5000 citoyens , acteurs sociaux de 60 pays différents avec participation importante de militants marseillais -contairement au Forum officiel où l'accès était à 150 euros, l'accès  à FAME était gratuit)
50 ateliers autour de 11 axes thématiques avec traduction simultanée dans 3 langues (anglais, français, espagnol)
Vision du local au global , échange d'informations, mise en relation et création de réseaux au niveau mondial , tels sont les objectifs du mouvement.

3. PRESENCE LATINO-AMERICAINE AU SEIN DE FAME 2012 ET VISION GLOBALE
pour le Pérou ,au delà de la mobilisation contre le projet Conga, trois autres cas ont été présentés (Cuenca Locumba à Puno et lutte contr la Southern Peru Copper Corporation de Toquepala,communauté d'Andamarca à Ayacucho et bassins de source du haut Tititcaca) ;
Une déclaration de la  délégation péruvienne  est consultable en ligne sur FAME 2012
Ce Forum  a favorisé la mise  en relation du  cas de Conga avec de nombreuses  autres luttes  et  mobilisations populaires actuellement en cours  en Amérique Latine c ontre les  effets dévastateurs  environnementaux et sociaux d'exploitation de grandes multinationales toutes grandes consommatrices et contaminatrices d'eau  en Argentine, au Chili, en Equateur, au Costa Rica et au Guatemala,   .
Se dégage une vision globale sur l'Amérique latine et son évolution récente : plus particulièrement depuis 2000, l'extension des activités des grandes multinationales est vertigineuse et l'Amérique Latine, enfermée dans un rôle de fournisseur de matières premières, est redevenue la première destination mondiale des investissements miniers.
La problématique de la défense de l'eau face aux multinationales d'exploitation minière est à rapprocher de celle de la construction  des grands barrages et des centrales hydroélectriques, de celle de l'exploitation du pétrole et des hydrocarbures et du gaz de schiste. Mêmes stratégies des multinationales et mêmes conséquences dramatiques pour l'environnement, la santé et la vie des populations. (accaparement  des terres, violation des droits de l'homme, , destruction des modes de vie des communautés paysannes et des échosystèmes) ;

4. STRATEGIES , PROPOSITIONS
          -  nécessité, dans les mouvements de lutte, de ne pas dissocier les mobilisations populaires de l'action légale, juridique et scientifique (liens avec les experts, universitaires, collège de médecins -Chili-)
-      de mettre en valeur le rôle important des femmes dans la gestion de l'eau dans le monde et dans les luttes pour sa défense
-      nécessité d'occuper tous les espaces : medias, culturels, artistiques :rôle particulièrement important des images
-      lutte contre la criminalisation des mouvements sociaux : l'EAU C'EST LA VIE mais la défense de l'eau peut coûter la vie !
Le cas de Bernardo VASQUEZ SANCHEZ, militant  mexicain de San Jose del Progreso de Oaxaca, assassiné pendant le déroulement même du Forum est venu dramatiquement le rappeler.  D'où l'importance des propositions du Fiscal de Tucuman, Antonio Gustavo GOMEZ,relatives à la création de réseaux d'avocats pour aider les membres des communautés à se défendre au niveau judiciaire et pénal,  à contre attaquer et initier des actions pénales préventives(par exemple d'habeas corpus) avant les marches et mobilisations pacifiques et pour la création d'un TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL  contre les délits et crimes environnementaux
Ces propositions ont été reprises dans la déclaration de l'axe thématique « Eau et Extractivisme » du FAME et reprises ensuite  dans la déclaration finale du FAME (consultables en ligne sur FAME 2012)
-      à signaler également la progression de l'idée selon laquelle, dans la lutte pour la défense de l'eau,  il est illusoire de compter sur la collaboration des Etats et gouvernements même progressistes car ils jouent le rôle de courroie de transmission des multinationales, raison pour laquelle la légitimité du Forum mondial del'Eau et du Conseil mondial de l'eau sont  contestées  dans la déclaration finale de FAME :
-      « nous exigeons  des Etats qu'ils garantissent à toutes et tous, l'accès à une eau saine et propre en quantité nécessaire pour vivre. Nous appelons tous les Etats à inscrire dans leurs législations nationales de droit à l'eau et à l'assainissement pour toute personne en conformité avec la Résolution des Nations Unies 64/292 et à refuserde reconnaître l'autorité et la légitimité du Forum Mondial de l'Eau comme lieu d'élaboration de la politique de l'eau  au niveau international »
-      une invitation a été faite aux réseaux, organisations, mouvements qui forment partie du « Mouvement pour l'Eau bien commun » à se mobiliser pour l'étape suivante, le Forum des Peuples qui se tiendra à Rio du 15 au 23 juin ;

La  déclaration finale complète, version bilingue (en français et en espagnol) est consultable par internet :  http://www.fame2012.org/es/2012/04/declaracion-final/