Communiqué unitaire qui sera signé sur place ou par mail
Comité de solidarité avec Cajamarca,
Collectivo de Peruanos en Francia,
France Amérique Latine, Frente
Amplio, Ayni France
« UN RIO DE LUCHAS »
AGUA
SI ! ORO NO !
CONGA
NO VA !
Paris, 11 février 2017
La lutte emblématique de la population de Cajamarca (Andes nord du
Pérou) contre le projet Conga de l’entreprise Yanacocha
(Newmont-Buenaventura-Banque mondiale), par son ampleur et sa durée, son unité,
ses répercussions et ses succès, a marqué l’histoire du mouvement social
péruvien et provoqué une vague de solidarité internationale.
Le 10 février 2012, après une avoir parcouru 800 km, la marche de
l’eau, symbole d’unité et de convergence des luttes, partie des lacs d’altitude
de Cajamarca arrivait à Lima.
Le même jour à Paris, se tenait la première réunion unitaire à la
Maison de l’Amérique Latine qui allait donner naissance au Comité de solidarité
avec Cajamarca et à un vaste mouvement de solidarité porté par des citoyens,
des personnalités et de nombreuses organisations sociales, syndicales et
politiques démocratiques françaises.
5 ans après, nous commémorons cette « geste héroïque » en
rappelant ses moments forts, en rendant hommage au courage, à la dignité des
femmes et des hommes, acteurs directs de la lutte, qui ont, grâce à leur
détermination, leur unité et leurs organisations, réussi à « freiner le géant
». Malgré la répression et le processus de criminalisation, les procès et les
intimidations, la mort de cinq opposants, les états d’urgence et la
militarisation de la zone, ils ont poursuivi leur lutte sur tous les terrains y
compris politique, jusqu’à ce jour.
C’est aussi l’occasion de nous interroger sur le bilan de cette
mobilisation pour la défense de l’eau, de son lien avec les autres luttes socio-environnementales
au Pérou (Espinar, Las Bambas, Tia Maria) et en Amérique latine (Berta Caceres
au Honduras, Le MAB contre les barrages au Brésil) et de tirer les leçons de
notre expérience de solidarité internationale.
Après la COP 20 et le sommet des peuples à Lima en 2014, la COP 21
et le sommet citoyen de Paris en 2015, les élections régionales et
présidentielles au Pérou en 2016, le nouveau contexte socio-politique
international et national est malheureusement peu favorable au respect du droit
à l’eau et au droit à la consultation préalable libre et informée (Convention
169 de l’OIT) des populations autochtones et à leur conception de vie et de
développement différents, en harmonie avec les autres et la nature.
La politique du nouveau Président Pedro Pablo Kuzcynski
s’inscrivant dans la continuité économique et politique du néolibéralisme,
laissant les mains libres aux multinationales extractivistes et au saccage
irréversible des ressources naturelles du pays au mépris de la santé et de la
vie des populations, de la souveraineté et de sécurité alimentaire, bafouant le
droit à l’eau reconnu internationalement comme partie intégrante des droits
humains depuis 2010, ne peut qu’entrainer une intensification des conflits
socio-environnementaux, la résistance des populations affectées, et de nouveaux
processus de criminalisation des mouvements sociaux et de répression.
Si nous vivons une situation d’urgence écologique au niveau
planétaire, la problématique de l’eau au Pérou, l’un des pays les plus vulnérables
au changement climatique au niveau mondial, et où 6 à 7 millions d’habitants
n’ont pas accès à l’eau et à l’assainissement, est un enjeu vital pour
l’avenir. Les conséquences désastreuses des dérèglements climatiques
enregistrées en 2016 sous forme de catastrophes naturelles, (sécheresse et
incendies ou au contraire inondations) d’un côté, l’accaparement et la
contamination de l’eau et des territoires par les multinationales minières
extactivistes, ne font qu’exacerber les contradictions.
A Cajamarca, Maxima Acuna, prix Goldman 2016, est toujours menacée
et « séquestrée » par la mine, le Projet Conga toujours officiellement «
suspendu », est actuellement « encerclé » par le démarrage d’autres projets
extractivistes miniers (Galeno, Coimolache, Tantahuatay-Conga, Zanja, Gold
Fields , Shahuindo) dans la région qui ont reçu le feu vert du gouvernement.
Les gardiens des lacs poursuivent leurs inspections régulières et
dans la province de Hualgayoc, les dirigeants du Front de défense environnemental
de Bambamaca lancent un appel à une grève régionale pour le 25 mai prochain.
Dans ce nouveau contexte, les populations et les membres des
rondes paysannes, ayant acquis un degré de maturité et de conscience sociale et
écologique élevée à travers les cinq années de lutte, sont disposées à poursuivre
et élargir leurs luttes. Notre solidarité toujours active sera nécessaire et la
vigilance s’impose.
Réunies à Paris, pour l’évènement « UN RIO DE LUCHAS « , les
organisations signataires tiennent à remercier chaleureusement les citoyens et
personnalités politiques, les organisations syndicales, sociales et
démocratiques ayant soutenu activement cette lutte en France pendant les 5 dernières années.
Elles appellent à poursuivre la solidarité en maintenant vigilance
et unité pour la défense des droits environnementaux et humains au Pérou,
Elles se prononcent pour la convergence des luttes contre
l’extractivisme et contre la corruption généralisée des multinationales
symbolisée par l’entreprise brésilienne Odebrecht.
Pour le respect du droit à l’eau et du droit à la consultation
préalable des populations autochtones,
Non à l’accaparement, la contamination et la marchandisation de
l’eau
L’EAU C’est la vie !
Une goutte d’eau ne sera jamais une
rivière,
une rivière est composée de myriades de
gouttes d’eau
C’est l’union de ces innombrables gouttes
qui créent le flot
le véritable courant de la vie réside dans
l’union ...
comitesolidaritecajamarca@gmail.com
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