La lutte contre le projet Conga est devenue le combat le
plus emblématique contre un projet minier, par la détermination et le courage
d'une population qui a enduré et continue de résister pendant des années et des
années contre une entreprise toute puissante appelée Yanacocha. Emblématique
aussi, la somme des passifs socio-environnementaux accumulés au fil des années
par cette compagnie minière. Avant d'entrer dans le vif du sujet, il convient
de repositionner le problème de l'extractivisme au Pérou dans son contexte
global à la fois politique et économique.
Jusqu'aux années 80, la majorité des Péruviens vivaient de
l'agriculture, aujourd'hui, au moins 30% des Péruviens vivent encore de
l'agriculture, mais cela ne figure pas dans la balance du commerce extérieur du
Pérou, car il s’agit soit d’une agriculture de subsistance ou familiale
destinée à approvisionner les marchés locaux et parfois nationaux. Les grandes
monocultures pour l'exportation ne représentent pas une part importante dans
l'économie péruvienne. Les chiffres des exportations péruviennes en 2014, selon
le ministère du commerce extérieur, parlent d'eux mêmes, les comptes du secteur
minier pour 75% des exportations, pétrole et produits pétroliers 13%, les
exportations agricoles ne dépassent pas 3% des exportations, nous voyons ici un
premier paradoxe, les industries extractives représentent 85% des exportations
et moins de 4% de l'emploi .
L'histoire économique du Pérou depuis l'indépendance a été
marquée par les «booms" au XIXe siècle, le premier boom a été le boom du
guano. La côte du Pérou, par la présence du courant de Humboldt, a toujours été
extrêmement riche en plancton, et par conséquent, en poissons et en oiseaux de
mer qui produisent cet engrais riche en phosphate. Plus tard au XIX° siècle, est venu le "boom"
du salpêtre (nitrate de potassium) qui était essentiel pour la production
d'explosifs et de cartouches et d'engrais, le salpêtre a été le principale
motif de la guerre avec le Chili ou la guerre du Pacifique, dans lequel le
Pérou a perdu une partie de son littoral sud et la Bolivie son accès à la mer.
Au début du XXe siècle, a commencé le boom du caoutchouc qui a causé des
dommages irréparables parmi les peuples autochtones d'Amazonie qui ont été
asservis et massacrés, selon les historiens plus de 100.000 périrent au moment du
boom du caoutchouc. Maintenant, nous vivons dans le boom minier. Ce sont ces booms
successifs qui ont fait les grandes fortunes du Pérou, une grande classe bourgeoise
urbaine, en particulier de Lima, qui vit totalement déconnectée du reste du
peuple péruvien. Pour cette bourgeoisie urbaine vivant du revenu de
l’extractivisme ou les services connexes, l'intérieur du pays n’est qu’une
simple source de matière première qu’ils veulent exploiter sans prendre en
compte les conséquences humaines ou environnementales.
Une longue digression, mais, à mon avis, nécessaire pour
comprendre le contexte économique et politique global des conflits au Pérou, à
savoir une haute bourgeoisie de Lima dont sont issus les hauts fonctionnaires
de l'appareil d'Etat (police, armée, procureurs, appareil judiciaire et les
principaux prélats de l'Eglise elle-même), alliées par intérêt à des entreprises
étrangères qui apportent les investissements financiers et la technologie
nécessaires pour les opérations. En face de ce pouvoir à la fois politique,
économique et militaire, les peuples autochtones et les paysans du Pérou qui
doivent défendre leurs territoires afin de survivre, une lutte apparemment inégale
et qui va exiger courage et la détermination.
LA COMPAGNIE MINIERE YANACOCHA ET LE PROJET CONGA
Localisation de la mine Yanacocha et du projet Conga |
Le capital de Yanacocha est détenu par trois entités, la
compagnie minière US Newmont Corporation, basée à Denver Colorado avec 51.35%,
la compagnie minière péruvienne Minera SA Condesa (famille Buenaventura) basé à
Lima avec 43,65% et la Banque mondiale (international Finance Corporation) avec
5%.
Le nom "Yanacocha» ou « lac noir » vient du
nom d'un lac, aujourd'hui disparu, qui existait dans la zone occupée par la
mine.
Pendant 20 ans (de 1994 à 2014), la mine Yanacocha a produit
27 millions d'onces d'or, représentant 840 tonnes, plus que tout l'or extrait
au Pérou depuis la conquête jusqu'en 1990. Les trois actionnaires, Newmont,
Buenaventura et la Banque mondiale ont gagné 16 milliards de $. Pour le Pérou, ce
sont 30.000 hectares de prairies humides, d’aquifères et des lacs qui ont
disparu à jamais, des milliers de paysans dépossédés de leurs moyens de
subsistance et condamnés à la pauvreté, des milliers d'agriculteurs qui ne
peuvent plus vendre leurs produits en raison de la contamination, des milliers
personnes qui ont déjà ou vont souffrir de graves problèmes de la santé à cause
des effets de cette exploitation minière. Pour produire ces 840 tonnes d'or,
l'impact sur l'environnement de Yanacocha est reflété dans les valeurs astronomiques
que représentent une exploitation minière de ce type, à une échelle
gigantesque, ce sont de 500.000 tonnes de cyanure de sodium utilisés dans le
processus de lixiviation qui, en bonne partie ont fini dans l'environnement, ce
sont plus de 600 millions de m3 d'eau consommée, ce sont plus de 400.000 tonnes
d'explosifs à base de nitrate d'ammonium (toxiques), ce sont plus de 300
millions de litres de gasoil, des milliers et des milliers de tonnes de
poussières dans l'atmosphère par le dynamitage, sont plus de 1,4 milliards de
tonnes de roches enlevées et réduites en poudre, plus de 1,1 milliards de
tonnes de résidus qui vont continuer à polluer l'eau par le drainage acide et
des métaux lourds pendant des siècles .
Cette image a fait le tour du monde et résume à elle-seule et plus d'un long discours, quels sont les impacts de la mine à ciel ouvert. |
Le projet Conga
Situé aux confins de trois provinces (Cajamarca, Celendín et
Bambamarca-Hualgayoc) département de Cajamarca.
L'investissement prévu: environ 4,8 milliards $.
Production attendue: 700.000 onces par an avec une durée de
vie de 20 ans, si l'or est la raison principale du projet Conga, il s’agit d’un
projet polymétallique avec une production secondaire d’argent, de cuivre et
d'autres métaux.
Type de mine: comme Yanacocha il s’agit d’une mine à ciel
ouvert, avec ses différentes étapes, fracturation à l’explosif, broyage,
lixiviation en tas avec cyanure de sodium, traitement au charbon actif,
raffinage et fusion. La mine se compose de deux puits, Perol Chalhuagón.
Description du projet Conga extraite de la documentation Yanacocha |
Le problème de l’activité minière en tête de bassin
Une
des principales caractéristiques du projet Conga, est le fait d'être au-dessus
d’un des principaux réservoirs d'eau d’altitude dans le nord du Pérou. Pendant
la saison des pluies, de nombreux aquifères sont rechargées ce qui maintient le
débit de nombreux fleuves et rivières tout au long de l'année et cela, permet
de soutenir l'agriculture et le pâturage toute l'année. Cette réserve d’eau
profite aussi à l'agriculture dans les plaines en aval, au Pérou, c’est particulièrement
sensible dans le cas de la côte Pacifique, où le stress hydrique est
particulièrement grave. Une exploitation minière en tête de bassin est une
folie et un désastre environnemental pour au moins trois raisons, d'abord, le
fait de creuser des puits, détruit les aquifères, d'autre part, l'exploitation
minière, en particulier dans le cas des méga-mines consomme généralement un
volume d’eau supérieur à la capacité de régénération des aquifères, troisièmement,
l'exploitation minière génère d'énormes décharges de résidus qui sont une
source permanente de pollution par le drainage acide et les métaux lourds qui
peut durer des siècles, cette pollution
suit le cours des fleuves et empoisonne les rivières très loin en aval. Dans le
cas de la rivière Jequetepeque, la pollution liée à la mine de Yanacocha a
atteint le réservoir de Gallito Ciego et l'océan Pacifique, provoquant de
graves problèmes par la présence de métaux lourds, y compris l'arsenic, le cadmium
et le mercure.
ACTIVITE MINIERE ET AGRICULTURE TRADITIONNELLE DANS LA
REGION DE CAJAMARCA.
Avant Yanacocha, la région de Cajamarca était connue sous le
nom "Suisse péruvienne" pour ses paysages bucoliques et ses belles
prairies. Elle est la première région du Pérou pour la production de lait. La
plus célèbre spécialité locale est "manjar blanco", une sorte de
caramel, c’est également une région célèbre pour ses fromages.
Produits de la région de Cajamarca |
Le département de Cajamarca a une superficie de 33.320 km2 et une population totale d'environ 1,5 million d’habitants, Cajamarca est un département situé dans la zone subéquatorial (entre le 5e et le 8e de latitude sud), composé d'un grand nombre de niveaux écologiques (de 400 à 4000 mètres d’altitudes), permettant la production de nombreuses variétés de plantes. Les frontières occidentales côtoient les zones côtières sèches, des départements de La Libertad, Piura et de Lambayeque, les frontières orientales côtoient l’Amazonie et la vallée du Marañon.
Les zones d'altitude (> 3000 mètres) permettent la culture de tubercules et en particulier de pommes de terre, les zones basses permettent la culture du café, le riz, le manioc (yuca), le maïs, la canne à sucre, mais aussi des opportunités de cultures pour l’exportation comme les mangues, le cacao et l'avocat (avocat).
La principale richesse du département est le grand nombre de nappes aquifères, des étangs et de prairies humides d'altitude représentent une grande réserve d'eau douce qui devrait permettre une agriculture prospère, d'autre part, cette région est la source des grands fleuves la côte nord du Pérou. Toutefois, le département est maintenant concessionné à plus de 40% pour les sociétés minières et de la plupart de ces concessions sont surtout concentrées dans les mêmes zones élevées où se situent les nappes aquifères et les réservoirs naturels qui alimentent les sources et les rivières de la région (cours supérieur des bassins).
Lacs de la région de San Pablo |
Ceci est la raison pour laquelle la souveraineté alimentaire de la région et du pays est en danger, en fait, les mines à ciel ouvert, si elles ne détruisent pas carrément les aquifères, consomment beaucoup de l'eau disponible (pour produire une once d'or on consomme moyenne de 20 m3 d'eau, Yanacocha a produit jusqu'à 3 millions d'onces par an) ou elle contamine l’eau disponible par les émissions toxiques provenant de la lixiviation et dépôts de résidus. Cette contamination fait que l'eau devient impropre pour la consommation humaine et pour l'agriculture, les métaux lourds déciment les troupeaux ou, si elle ne tue pas le bétail, elle le contamine, car ces métaux lourds se concentrent dans la viande ou les produits laitiers à tel point qu'ils deviennent impropres à la consommation.
Résultat de la pollution minière et la présence de métaux lourds, de nombreux agriculteurs qui exportaient autrefois une grande partie de leur lait et de leur fromage, perdent cette opportunité et sont contraints d'arrêter leurs activités.
Une autre conséquence importante de mégaprojets miniers est la destruction totale des couches externes de sol fertile (30.000 hectares dans le cas de Yanacocha) qui deviennent des plaies ouvertes soumises à de sévères mécanismes d'érosion.
HISTOIRE DU CONFLIT POUR LE PROJET CONGA
La lutte contre le méga projet Yanacocha - Conga est le dernier épisode d'une longue histoire de conflits entre une population d'agriculteurs et une l'exploitation minière irresponsable et sans scrupules associés à un Etat complice.
Le projet Conga est en fait l'extension d'une mine existante, la mine Yanacocha, qui est la plus grande mine à ciel ouvert en Amérique du Sud. Yanacocha a commencé ses opérations en 1993, dans un premier temps, la société a quatre actionnaires, la Newmont de Denver (USA), la société Buenaventura (Pérou), le BRGM français (qui a découvert le gisement) et la Banque mondiale. En 1994, après plusieurs disputes, politiques et juridiques, le BRGM a été forcé de vendre sa participation à Newmont et Buenaventura et est sorti du capital (voir lien). La mine est située sur un plateau avec un grand nombre d’aquifères, des lacs et des plaines humides (têtes de bassins) les impacts de l'activité se font très vite ressentir. Déjà en 1999, arrivent les premières plaintes au sujet de l'empoisonnement de bovins et de pollution de l'eau (voir lien), cependant la justice classe les affaires sans conséquences juridiques pour l'entreprise.
En 2000, le scandale de Choropampa éclate quand un camion affrété par Yanacocha et transportant des barils de mercure métallique (sous-produit de l'or) a renversé 150 kg de mercure métallique, hautement toxique, dans les rues du village Choropampa. La société a offert aux résidents de payer pour la récupération du mercure, sans les informer de la toxicité terrible du produit, puis, les villageois ont tenté de récupérer le mercure avec des moyens tout à fait inadaptés et sans aucune protection, l’ont stocké à leur domicile dans des contenants inadéquats, plus d'un millier de personnes ont été contaminées, des dizaines sont décédées, beaucoup ont conservé encore des séquelles neurologiques extrêmement grave. Poursuivie pour les faits, Yanacocha a d'abord été blanchie par un tribunal de l'État du Colorado, puisque l’actionnaire principal Newmont, est basé à Denver, mais les plaintes ont continué par d'autres moyens, et plus tard, la compagnie a joué avec la division des communautés afin d’éviter de payer une bonne partie de la compensation financière.
Choropampa - le prix de l'or
En 2001, des études menées par la SEDACAJ, (société qui fournit des services d'eau et d'assainissement potable pour la ville de Cajamarca) et d'autres organismes avait déjà parlé de la contamination par les métaux lourds (notamment l’arsenic et le cyanure) non seulement sur les grandes rivières de la région, y compris la rivière Jequetepeque, mais aussi dans les eaux qui alimentent la ville de Cajamarca (200 000 habitants) (voir lien).
En 2004, Yanacocha a décidé d'étendre ses opérations sur le mont Quillish (à seulement 8 km de l'usine CEDACAJ), les aquifères du mont Quillish sont la principale source d'eau pour la ville de Cajamarca, est aussi un lieu sacré pour les communautés agricoles de la région. Cette fois, les gens ont exprimé leur opposition au projet et se sont mobilisés massivement, Yanacocha et le gouvernement ont dû se replier ... momentanément. (voir lien). De 2006 à 2011 de nombreux incidents ont eu lieu avec les populations d’éleveurs et agriculteurs pour les problèmes incessants de pollution de l'eau et ses effets dramatiques pour l'agriculture.
Mobilisation pour la défense du mont Quilish en 2004 |
En 2006 éclate le scandale connu sous le terme « d’opération diablo », une société de sécurité Forza, composée en particulier d’ex-membres des services de renseignement péruvien et d’hommes de main et qui fournit des prestations de sécurité entre autres pour Yanacocha, a espionné Marco Arana Zegarra et les membres de l’organisation Grufides pendant plus d’un an. Ils ne se sont pas contentés de suivre et d’espionner, mais aussi de harceler, d’intimider et de proférer des menaces et notamment des menaces de mort. Des faits qui furent à l’origine d’un film de la documentaliste et cinéaste canadienne Stephanie Boyd :
En Octobre 2010, le gouvernement péruvien a approuvé l'évaluation d'impact environnemental (EIA) du projet Conga et en 2011, Yanacocha a annoncé sans aucune consultation, qu’elle allait commencer ses opérations dans sa concession Conga (une concession d'environ 12.000 hectares situé dans le nord-est de la mine Yanacocha en activité) et donc détruire et / ou de contaminer d'autres lacs, d'autres sources, d'autres aquifères (voir lien). Les agriculteurs de la région savaient que cela allait être la mort de leur activité et de leur mode de vie, le rejet a été massif.
Le 30 mai 2011, Ollanta Humala Tasso, alors candidat en campagne électorale à Cajamarca, a annoncé qu'il ne permettrait pas que le projet Conga se fasse, mais une fois élu, en Septembre 2011 il a déclaré que Conga devrait se faire et que c’était un projet très important pour le Pérou, la mobilisation dans la région de Cajamarca pour rejeter le projet a été extrêmement forte, et les évènements se sont précipités.
Promesses électorales du candidat Ollanta Humala en 2011
le 29 septembre 2011, 8 communautés directement impactées (dont Namococha, Quengorio Alto, El Alumbre, Corralpampa et San Antonio) commencent une grève illimités, le 14 octobre une partie de la population de la Encañada bloque la route entre Cajamarca et Bambamarca. Le 16 octobre, 9 véhicules et engins de la compagnie minière sont incendiés, le 18 plus de 100 membres de la DINOES fortement armés, avec notamment des fusils d’assauts, arrivent à l’aéroport de Cajamarca. Le 24 octobre, plus de 2000 personnes visitent les lacs qui seront détruits par le projet minier Conga. Après la visite, la population lance un ultimatum à l'entreprise Yanacocha, en exigeant qu’elle retire ses machines dans un délai de 8 jours. Le 3 novembre, le président régional Gregorio Santos Guerrero convoque une grève régionale pour les 9 et 10 novembre.
Visite aux lagunes de Conga du 24/10/2011
Le 21 novembre, le ministère de l’environnement (MINAM) reçoit une étude d’impact du projet Conga réalisée par 25 experts indépendants, cette étude est particulièrement alarmante et va entraîner le 28 novembre la démission du ministre de l’environnement de l’époque José de Echave (voir lien).
Le 24 Novembre commence une grève générale illimitée, le premier ministre de l’époque Salomón Lerner appelle au calme et au dialogue, mais ne se positionne pas sur la demande de la population, à savoir le retrait du projet minier Conga. Après six jours de grève générale, le 29 novembre, Yanacocha annonce une suspension de ses opérations, cela n’empêche pas la répression policière de sévir prés des lacs de Conga ou un groupe de paysans c’était installé pour protéger l’endroit contre l'entrée des camions de Yanacocha, la police a tenté de les déloger par la force, résultat 20 blessés, dont six grièvement par balle.
Rassemblement du 24/11 à Cajamarca
Paysans blessés par balle, lacs de Conga, le 29/11/2011
Parmi les blessés par balle, Elmer Eduardo Campos Álvarez, ne peut plus marcher et se déplace dans un fauteuil roulant, il a perdu un rein et l'utilisation de son bras gauche, il n'a pas non plus reçu aucune aide de l'Etat et ne vit qu’avec l'aide de la famille et des amis (lien). Cependant, l'organisation américaine EarthRights International a fait un procès contre Newmont à Denver pour l’obliger à communiquer ses informations concernant la répression policière des effectifs de la DINOES sous contrat avec Yanacocha (voir lien), le 16 Mars 2015, une décision de la Cour fédérale du Colorado exige que Newmont divulgue ses informations (voir lien).
Elmer Campos transporté par ses amis gardiens des lacs |
Si le 29 Novembre, Yanacocha a déclaré une suspension temporaire du projet Conga, mais, ce que les gens voulaient, ce n’était pas seulement une suspension temporaire, mais une annulation définitive de ce projet mortifère et le mouvement social a continué.
Le gouvernement alors déclare l'état d'urgence le 4 décembre pour une période de 60 jours. Mais cela ne suffit pas pour mater les opposants au projet, la première réponse vient du gouvernement de Cajamarca qui interdit l’exploitation minière dans les zones de sources (ordonnance n°036-2011-GR.CAJ-CR)(voir lien), l’application de cette ordonnance régionale interdisant de facto la mise en exploitation du projet Conga, cette ordonnance provoquera les foudres du gouvernement péruvien contre le président régional Gregorio Santos.
Cajamarca le 30/11/2011
Le gouvernement alors déclare l'état d'urgence le 4 décembre pour une période de 60 jours. Mais cela ne suffit pas pour mater les opposants au projet, la première réponse vient du gouvernement de Cajamarca qui interdit l’exploitation minière dans les zones de sources (ordonnance n°036-2011-GR.CAJ-CR)(voir lien), l’application de cette ordonnance régionale interdisant de facto la mise en exploitation du projet Conga, cette ordonnance provoquera les foudres du gouvernement péruvien contre le président régional Gregorio Santos.
Chronique d’un état d’urgence annoncé
La résistance continue et le 10 décembre 2011 le premier ministre Salomón Lerner démissionne et est remplacé par Óscar Valdés Dancuart un ex-général et ex-ministre de l'intérieur (voir lien), le gouvernement péruvien choisi la voie de la fermeté face à la résistance qui se structure, plus de 20000 personnes se réunissent finalement pour participer à une grande marche pour l'eau, de Cajamarca à Lima (860 km) du 1er au 9 Février 2012.
Arrivée de la marche nationale pour l'eau à Lima
La “Mamapachapa Unanchan" ou bannière de la Terre Mère.
Pour cette grande marche pour l’eau, est venue l’idée de constituer « le plus grand drapeau écologique du monde» aussi appelé “Mamapachapa Unanchan" ou bannière de la Terre Mère, à partir d'une toile de couleur verte auquel on a rajouté des pièces de tissu vert dans chaque lieu ou la marche passait et ainsi lui permettre de croitre, durant cette grande marche pour l'eau la première de son genre au Pérou.
Création de la bannière à Cajamarca.
Défilé de la bannière écologique à Lima en juillet 2012 en appui à la résistance contre le projet minier Conga.
La bannière durant la Cumbre de los Pueblos, en marge de la COP20, à Lima en décembre 2014.
Défilé de la bannière de la Terre mère à Celendin le 28 mai 2015 en soutien à la lutte des habitants de la vallée del Tambo contre le projet Tia Maria
L'EPREUVE DE FORCE
Mais le gouvernement péruvien choisit l’épreuve de force face à la résistance et sa réponse a été d'augmenter la répression policière. Le 19 avril 2012 une nouvelle commission d’experts qui avait été nommés par le gouvernement rend ses conclusions dans lesquelles on retoque un peu l’EIA du projet Conga, mais sans le remettre en cause, on limite à 2 le nombre de lacs qui seront détruits et on propose d’augmenter la capacité des réservoirs artificiels (voir lien).
Le 31 mai 2012, des manifestations entraînent la fermeture de l’aéroport de Cajamarca, des blocages de routes et des heurts avec les forces de police, le 14 juin, Yanacocha déclare accepter les demandes du gouvernement péruvien suite au rapport du 19/04 et annonce le démarrage du projet Conga, des manifestations ont lieu à Cajamarca et sont sévèrement réprimées, 70 personnes sont blessées (voir lien).
Manif Celendin le 31 mai 2012
Manifestation et répression du 14 juin 2012 à Cajamarca
La tension est à son comble et le gouvernement intensifie encore la répression, ce qui a abouti à la mort de cinq manifestants à Bambamarca et Celendín les 3 et 4 Juillet 2012 et une nouvelle déclaration d’état urgence (voir lien) (voir lien). Cependant, les événements de Celendin et Bambamarca et les 5 assassinats ont provoqué des réactions d'indignation et de protestation à la fois nationales et internationales et le gouvernement et la société minière ont du faire marche arrière et déclarer la suspension du projet Conga (voir lien).
Violente arrestation de Marco Arana à Cajamarca le 4 juillet 2012, le leader de Tierra y Libertad et opposant au projet Conga sera sévèrement passé à tabac (voir lien).
Morts en Celendin et Bambamarca les 3 et 4 juillet 2012
Manifestation à Lima (place San Martin) suite aux 5 assassinats à Celendin et Bambamarca.
Appel a une mobilisation internationale pour le 20 juillet 2012
Réaction du Comité de solidarité avec Cajamarca de Paris, réunion publique dès le 5 juillet 2012 et manifestation du 20 juillet (Voir lien)
Toutefois, la contre-attaque ne s’est pas fait attendre longtemps, et en 2013 les inspections des lacs de Conga ont montré que le travail avait été poursuivi en secret. En Janvier 2014, le gouvernement péruvien a promulgué la loi 30151 communément appelé «le permis de tuer» (loi qui exempte la police et les militaires de toute responsabilité pénale s’ils tuent ou blessent des gens dans l'exercice de leurs fonctions) (voir lien) dans ce même mois de janvier 2014, a commencé dans les grands médias une campagne de dénigrement sans précédent dans laquelle l'opposition aux projets miniers a été présentée comme un foyer terroriste. Ils n’ont pas hésité à accuser les organisations internationales et ONG de soutenir et aider les communautés rurales et de financer le terrorisme, en plus, la presse a donné l'idée d'une conspiration internationale pour maintenir le Pérou dans le sous-développement (voir lien).
Videos de la télévision péruvienne parlant d'une conspiration internationale
les "terroristes anti-mines" reçoivent des aides de l'extérieur
Le prétendu "complot international" contre le développement du Pérou
Les organisations européennes incriminées n’ont jamais pu officiellement répondre à ces accusations calomnieuses et ont répondu dans la presse alternative (voir lien).
Le début de l'année 2014 est particulièrement difficile pour la résistance, les DINOES (forces spéciales de la police péruvienne), avec plus de 600 hommes ont bloqué les mouvements des rondes paysannes et ont réprimé impitoyablement toute tentative de montée aux lacs de Conga, permettant ainsi à Yanacocha de continuer en cachette avec ses préparatifs pour l'exploitation (voir lien). Les principaux dirigeants des rondes paysannes et adversaires du projet d'exploitation minière sont victimes de persécution judiciaire et diverses menaces, y compris des menaces de mort, au point que la Commission interaméricaine des droits de l'homme de l'OEA (CIDH), à laquelle ils ont recours depuis 2011, demande des mesures de sauvegarde pour 46 personnes en mai 2014 et donne au gouvernement péruvien un délai de 15 jours pour se conformer à de telles mesures (MC 452/11 2014). La réponse du gouvernement péruvien est de ne rien faire. En Juin 2014, le Président exécutif de Minera Yanacocha, Javier Velarde a déclaré dans une interview, être confiant dans le démarrage du projet Conga en 2015.
En 2014, Yanacocha a également décidé d'étendre ses opérations au sud-ouest (la concession de Conga est située au nord-est de la mine Yanacocha actuelle), menaçant directement les lacs de San Pablo (un paysage idyllique de 280 lacs de montagne) le maire de San Pablo a fait un procès contre Yanacocha et cette dernière a perdu le procès en première instance et son appel a été rejeté, mais nous savons que les avocats de la société continuent de travailler sur la question (voir lien).
Manifestation pour la défense des lacs de San Pablo |
En Juin 2014, le président régional élu de Cajamarca et l'un des les opposants les plus en vue au projet Conga, a été arrêté et emprisonné (voir lien) dans la même période, le gouvernement a décréte la loi 30230 (communément appelée «paquetazo»), qui réduit à leur plus simple expression les études d'impacts environnementaux des projets et limite les droits sociaux des travailleurs, (le gouvernement a réitéré en mai 2015 avec la loi 3941 et en septembre avec le décret législatif 1192-1210). Mais les rondes de paysans ne se sont pas découragées et ont appelé en août 2014, à une réunion internationale dans le village del Tambo (province de Bambamarca) pour la protection de l'eau et de l'environnement (voir lien), le Comité de solidarité avec Cajamarca Paris était présent lors de cette réunion qui a pris fin avec deux conférences de presse, le 7 Août au siège du gouvernement de Cajamarca et le lendemain au parlement à Lima, c’est là qu’est venue l'idée d'organiser un colloque en France, qui a eu lieu au Sénat à Paris le 22 mai 2015.
Malgré son emprisonnement, Gregorio Santos Guerrero a été réélu en tant que président régional de Cajamarca le 5 Octobre 2014, à une large majorité. C’était clairement un vote contre le projet Conga, car il était le seul candidat qui se soit opposé à ce projet. Cependant, ses conditions de détention, dans une prison de haute sécurité, avec un droit de visite très limité et contraint de partager une cellule avec un des assassins les plus sanglants du pays, Telmo Hurtado, surnommé le boucher des Andes, ont fait que ses défenseurs ont obtenu des mesures de sauvegarde de la CIDH (voir lien).
Le 20 mai 2015, le gouvernement péruvien a déclaré qu'il ne respecterait aucune des mesures de sauvegardes demandées par la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH), un « pied de nez à la CIDH et aux opposants au projet Conga ». Cela concerne les décisions rendues par la CIDH en 2014 et en 2015 sont respectivement et disponibles au lien suivant (dossiers MC 452/11 et 530/14). Le 8 septembre la détention préventive de Gregorio Santos est prolongée de 11 mois, jusqu'au 24 juillet 2016, lui ôtant de facto toute possibilité de participer à l'élection présidentielle alors qu'il est candidat (voir lien).
Le 20 octobre 2015, les rondes paysannes constatent l'avancée en catimini des travaux de Yanacocha dans la concession de Conga, déjà les moyens de pompage du lac El Perol sont en place. D'autre part, les pompages incessant de Yanacocha ont déjà fait baissé fortement le niveau des nappes phréatiques (voir lien).
Video réalisée après la visite des rondes paysannes du 20/10/2015
ORGANISATION DE LA RESISTANCE.
La résistance des communautés s'est depuis le début organisée autours de différentes organisations dont : la Plataforma Interinstitucional Celendina (PIC), Frente de Defensa Ambiental de Cajamarca (FDAC), Tierra y Libertad (TYL) et bien sûr les organisations des rondes paysannes, la Central Unica Nacional de Rondas Campesinas (la CUNARC).
Ces organisations se sont coordonnées en constituant le comando unitario de Lucha (CUL), dont les responsables les plus connus étaient Marco Arana (TYL), Eddy Benavides Ruiz (Ronde de Bambamarca-Hualgayoc), Ydelso Hernandez Llamo (CUNARC), Milton Sanchez Cubas (PIC).
La résistance des communautés s'est depuis le début organisée autours de différentes organisations dont : la Plataforma Interinstitucional Celendina (PIC), Frente de Defensa Ambiental de Cajamarca (FDAC), Tierra y Libertad (TYL) et bien sûr les organisations des rondes paysannes, la Central Unica Nacional de Rondas Campesinas (la CUNARC).
Ces organisations se sont coordonnées en constituant le comando unitario de Lucha (CUL), dont les responsables les plus connus étaient Marco Arana (TYL), Eddy Benavides Ruiz (Ronde de Bambamarca-Hualgayoc), Ydelso Hernandez Llamo (CUNARC), Milton Sanchez Cubas (PIC).
Il faut aussi mentionner les organisations de type juridique comme el Grupo de Formación e Intervención para el Desarrollo Sostenible (GRUFIDES) et l' Instituto Internacional de Derecho y Sociedad (IIDS)
Dans la province de Celendin, dans un endroit appelé Tragadero Grande, district de Sorochuco, à environ 200 mètres du lac bleu (qui sera transformé en dépotoir de rejets miniers si le projet Conga entre en fonctionnement) vit une famille d’humbles paysans, la famille Chaupe de. La mère de famille Maxima Acuña n’était pas prête pour ce qui aller se passer. La famille a acquis sa propriété de 26 hectares en 1994 et a vécu tranquillement jusqu'à ce jour fatidique de mai 2011, quand des employés de Yanacocha arrivèrent jusqu’à leur maison avec leur machinerie afin d’ouvrir une voie de service pour la future exploitation minière et leur ont déclaré que ce terrain ne leur appartenait pas, mais qu’il appartenait à l'entreprise Yanacocha. La famille a été surprise, mais ne s’est guère inquiétée, car ils avaient un titre de propriété notarié. Cependant, en Août 2011, le cauchemar a vraiment commencé quand un gang de brutes, composé d'employés de Yanacocha accompagnés par des policiers de la DINOES sont venus avec l'intention de «déblayer le terrain» et ont frappé violemment la famille, Jhilda la plus jeune des filles a été frappée à la tête et a perdu connaissance pendant plus de deux heures, son frère a également été battu, la sœur aînée Ysidora a enregistré la scène, ils sont arrivés sans mandat, sans aucun document officiel. A partir de ce moment, le harcèlement de sa famille a été permanent (voir lien) (voir lien).
La famille a déposé une plainte en justice pour violence qui sera classée sans suite. Yanacocha, à son tour, a poursuivi la famille pour usurpation de terre et en Octobre 2012 a gagné en première instance. Cependant, la décision a été portée en appel et en Août 2013, la Cour pénale de Cajamarca a déclaré la nullité du jugement de première instance, parce que le juge de première instance n’avait pas considéré le titre de propriété de la famille Chaupe. Le procès a repris en Juillet 2014, la décision du tribunal de Celendin (première instance) a de nouveau été favorable à la compagnie minière, un nouvel appel et le 17 Décembre 2014, la Cour supérieure de Cajamarca a a reconnu la validité des titres de propriété de la famille Chaupe, en reconnaissant de facto leur droit de rester sur leur terrain. Yanacocha essayé de faire un recours auprès de la Cour suprême, mais son pourvoi a été rejeté (voir lien) (voir lien).
Maxima, son épous Jaime Chaupe Lozano et leur avocate Mirtha Vasquez |
Toutefois, l'épreuve de Maxima et de sa famille ne s’est pas arrêtée après ce long épisode juridique, l'entreprise est revenue à ses méthodes de persécution et de harcèlement, a détruit une partie de la maison, volé leurs animaux, estropié leur chien, détruit leurs cultures et entouré la propriété avec du grillage et des barbelés. De plus la compagnie minière a obtenu une nouvelle décision de justice pour interdire toute culture et tout élevage sur la propriété, afin de chercher à les affamer et bien sûr, des hommes de main n’ont pas manqué de proférer des menaces de mort (voir lien).
Les quatre dernières années de l'histoire de Maxima Acuña et sa famille ont été vraiment horribles. Toutefois, les violences étaient telles que cela a créé un réseau de solidarité autour de la famille et Maxima est devenu l'une des icônes majeures de la résistance contre les multinationales minières. L'attitude de Yanacocha a montré comment une société minière pourrait être au-dessus des lois et pouvait agir en toute impunité.
Parmi les organisations qui ont épaulé Maxima et sa famille, nous mentionneront GRUFIDES et en particulier l’avocate Mirtha Vasquez Chuquilin, l'lAMMP (Programme de surveillance de l'exploitation minière en Amérique latine), l'Union des femmes latino-américaines (red ULAM), la marche mondiale des femmes. Les rondes paysannes se sont mobilisées à de nombreuses reprises pour exprimer leur soutien à la famille, mais la menace est permanente.
En France, le Comité de solidarité avec Cajamarca de Paris a reçu Maxima et sa fille Ysidora à Paris en mai 2014 (voir lien). Le 6 Août 2014, les membres du Comité et la sénatrice française Laurence Cohen ont accompagné les rondes paysannes et ont visité la famille Chaupe (voir lien) et les lacs de Conga.
Enfin, nous rappelons que Maxima et sa famille font partie du groupe de 46 personnes qui bénéficient des mesures de sauvegarde adoptées par la CIDH (MC 452/11) auxquelles le gouvernement péruvien refuse de se conformer.
QUELQUES DOCUMENTAIRES A VOIR ABSOLUMENT
A tajo abierto (open pit) de Gianni Converso - un film de référence sur Yanacocha.
QUELQUES DOCUMENTAIRES A VOIR ABSOLUMENT
A tajo abierto (open pit) de Gianni Converso - un film de référence sur Yanacocha.
America latina a tajo abierto - documentaire de Clave del sur la résistance face à l'exploitation minière à grande échelle au niveau continental.
CONCLUSION
Yanacocha est l’archétype de l'exploitation transnationale sans scrupules et ce, pour une multitude de raisons, parmi d'autres, nous pouvons citer, le mépris absolu pour la vie humaine, la totale irresponsabilité dans les questions sociales et environnementales, l’utilisation systématique de la violence contre ses opposants, l’utilisation des réseaux de corruption, la capacité à diviser ses adversaires et les communautés, les relations «privilégiées» avec le pouvoir politique.
En outre, Yanacocha travaille au Pérou, un pais centralisé, au moins en ce qui concerne les orientations économique majeures et dirigé depuis la capitale Lima par une oligarchie qui ne se soucie pas le moins du monde des personnes vivants dans l’intérieur du pays. Cette oligarchie croit que la seule richesse du pays est dans son sous-sol, par conséquent, accorde des concessions à des entreprises dans le seul but de maximiser le volume des exportations et des revenus extractifs. Ces concessions sont accordées sans aucunes considérations aussi bien pour les gens qui y vivent que pour l'environnement, ainsi, le pays devient une simple réserve de matière première pour les marchés internationaux.
En cas de problèmes avec la population locale, les gouvernements successifs ont toujours eu recours à la même méthode, la répression violente. Presque tous les conflits socio-environnementaux se résolvent par la violence et finissent presque toujours par coûter des vies. Pour faciliter le plus possible sa politique extractiviste, le gouvernement péruvien a mis en place un arsenal juridique complet qui comprend des lois telles que la loi 30151 qui exonère les forces de répression de toute responsabilité pénale ou les lois 30230 et 3941 qui éliminent tous les obstacles qui pourraient freiner l'investissement extractiviste.
Cependant, le gouvernement péruvien viole toutes les conventions internationales relatives aux droits humains, aux droits des peuples indigènes, au droit universel à l'eau et à l'assainissement. En outre, le gouvernement met gravement en péril la souveraineté alimentaire du pais.
Après trente années d'exploitation minière formelle ou informelle, et en particulier d'exploitation minière à grande échelle, les péruviens ont pris conscience des impacts catastrophiques de cette activité, les conséquences dramatiques pour la santé et la nature. Aujourd'hui, l'exploitation minière à grande échelle n’est plus synonyme de développement, en dépit de la propagande martelé par les grands médias. La population se rend compte des millions de dollars gagnés par ces compagnies, qui contrastent de plus en plus avec la pauvreté presque absolue qui prévaut dans les zones où l'exploitation minière est présente.
Le gouvernement et les entreprises tentent de diviser les communautés qui résistent, parfois ils réussissent. Cependant, le rejet de l’extraction minière à grande échelle et plus généralement de l’extractivisme prédateur se développe à la suite des terribles ravages que ces activités produisent. Quand le conflit a éclaté avec le projet Tia Maria à Arequipa, les résidents de Cajamarca ont soutenu la lutte de leurs homologues d’Arequipa. La résistance contre l'extractivisme prédateurs ne consiste plus seulement en conflits localisés, les communautés en résistance commencent à avoir des contacts entre elles. De purement locale, la lutte devient nationale et internationale.
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