dimanche 5 octobre 2014

Communiqué du Comité de Solidarité avec Cajamarca "Retour de Cajamarca"



 RÉSISTANCE ET  SOLIDARITÉ INTERNATIONALE
CONGA NO VA !

Depuis 3 ans, la population  et les membres des rondes paysannes de Cajamarca (Andes Nord du Pérou) luttent contre le projet d'exploitation minière Yanacocha ,( multinationale Newmont-Buenaventura-Banque Mondiale) qui a transformé la région en  capitale de l'or de toute l'Amérique Latine.
Le succès de la  1ère rencontre internationale des gardiens des lacs  d'El Tambo  des 4 et 5 août dernier (Bambamarca-Hualgayoc) et de la marche unitaire des 4000 « ronderos » à  la maison de Maxima Acuña et au  lac d'EL Perol du 6  août, ont prouvé  que la résistance contre le projet dévastateur de  Conga,  non seulement était  toujours vivace et d'actualité pour l'ensemble des  « ronderos »  et des  forces sociales de la région , mais était au cœur de la conjoncture politique régionale et nationale.
La participation  des délégations  étrangères de 4 pays d'Amérique Latine et la présence d'une délégation française importante   ( composée d 'une dizaine de personnes dont la Sénatrice Laurence Cohen,  des  membres de notre Comité de Solidarité, de France Amérique Latine et du Colectivo de Peruanos en Francia),  comme celle de tous les dirigeants  régionaux -de Bambamarca, Celendin et Cajamarca-et de personnalités politiques nationales  comme Hugo Blanco ou Marco Arana, ont favorisé le regroupement des forces d'opposition et empêché la répression de la part des forces de l'ordre.
Cependant, les faits récents comme la condamnation scandaleuse de Maxima Acuña et sa famille à 2ans et 8 mois de prison,  pour « usurpation de terres aggravée de violence  », l'arrestation arbitraire et la détention préventive de Gregorio Santos, candidat à sa propre réélection pour la région,  dans une prison de haute sécurité, démontrent que la mine Yanacocha n'hésitera pas à utiliser tout son pouvoir pour acheter les consciences, corrompre la justice,  les medias et les institutions politiques, pour imposer son  projet. 
Au niveau régional, la bataille s'est intensifiée  récemment sur le plan électoral. L’échéance du 5 octobre, date des élections municipales et régionales, constitue un enjeu très important  pour l'avenir du projet Conga, de la défense de l'eau et des ressources naturelles de toute la région de Cajamarca. Les pronostics actuels plaçant en tête de liste pour la région le candidat  actuellement emprisonné malgré son « élimination politique », les mobilisations massives des paysans en sa faveur malgré les stratégies déployées par les multinationales minières  pour diviser et financer massivement des candidats pro-miniers, laissent envisager la possibilité de fraudes électorales ou de mise en place de mesures  violentes visant l'élimination des candidats opposants. Dans ce contexte,  la présence d'observateurs internationaux serait souhaitable pour assurer le fonctionnement normal du processus électoral.
Tandis qu'au niveau national, une nouvelle bataille est menée sur le plan légal avec le recours présenté par  l'ONG Grufides  auprès du Tribunal Constitutionnel   s'appuyant sur le droit de tout citoyen péruvien à un environnement sain reconnu par la Constitution péruvienne, la préparation de la COP 20 (20ème Conférence sur le climat des Nations Unies)  à Lima en décembre prochain et l'organisation parallèle d'un « sommet des peuples » provoquent dès à présent des mobilisations citoyennes où le mouvement de résistance contre le projet emblématique Conga trouve une place de choix.
 Malgré le silence assourdissant des medias au sujet des l'amplification des   mouvements socio-environnementaux  notamment au Cuzco et à Arequipa, et de la répression qui s'abat (un adolescent assassiné par balles dans une mobilisation au Cuzco-La Convencion-, mort suspecte du  maire de Kepashiato,  assassinat de 4 dirigeants Ashaninkas, ) en toute impunité grâce à la mise en œuvre de la loi 30151 et à la nomination du Général Daniel Urresti comme Ministre de l'Intérieur,   l'effritement des  bases politiques  du gouvernement , son durcissement et son virage définitif vers une .soumission totale aux diktats des multinationales extractivistes sont évidents.  Les mesures adoptées en juillet ( « paquet environnemental ») pour relancer l'économie, balayant toute les mesures de protection environnementale et enterrant le droit à la consultation préalable des populations autochtones  et le discours lors de la fête nationale l'ont démontré clairement.  Le Président Humala sera d'ailleurs remercié pour ses bons et loyaux services  et « médaillé » à New york le 25 septembre par trois multinationales :  Barrick, Pluspetrol et Freeport McMoRan dont l'absence de scrupules vis à vis des droits humains et environnementaux a provoqué de graves conflits socio-environnementaux.
Etant donné cette conjoncture alarmante où l'Etat de droit est menacé au Pérou, caractérisée  non seulement par la  répression , la criminalisation et la persécution des dirigeants mais également par  la corruption de la justice et  le non-respect des décisions  internationales, ( telle que celle de la Commission internationale des droits de l'homme de l'OEA réclamant au gouvernement péruvien l'adoption de mesures de protection de la vie et de la sécurité de 46 dirigeants de Cajamarca, 2 journalistes et la famille Chaupe,),
 Le comité de solidarité avec Cajamarca appelle :

Ø  Tous les citoyens et organisations sociales et  démocratiques françaises à  réitérer  avec force leur soutien et leur solidarité aux  populations de Cajamarca en lutte contre  le projet CONGA, en signant ce communiqué,

Ø  Pour la défense  du droit à l'eau et à l'assainissement reconnu internationalement comme partie intégrante des droits humains par l'Assemblée des Nations Unies en   2007,  du droit à la terre et à un environnement sain  reconnus par la constitution péruvienne, du droit à consultation préalable libre et informée reconnu par la convention 169 de l'OIT et la législation péruvienne, 

Ø   A se mobiliser contre la répression, la persécution et la criminalisation des dirigeants du mouvement de résistance contre le projet Conga, notamment en dénonçant   le jugement scandaleux rendu le 5 aôut  dernier  contre Maxima Acuña et sa famille et  la détention arbitraire et illégale de Gregorio Santos, candidat à la Présidence de la région,

Ø  Toutes les forces sociales et démocratiques  de résistance au projet Conga de la région Cajamarca, à mettre en échec, lors des élections du 5 octobre prochain,  les  candidats de   la mine Yanacocha et des multinationales


VIVE LA SOLIDARITE INTERNATIONALE CONTRE LE PROJET CONGA

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