COMITÉ DE SOLIDARITÉ AVEC CAJAMARCA
COMMUNIQUÉ
Une campagne médiatique a
été lancée dernièrement au Pérou contre le mouvement de solidarité
internationale avec la
population de Cajamarca (Andes du Nord du Pérou), en lutte pacifique depuis
trois ans, pour la défense de l'eau et de l’environnement, contre le méga
projet minier « Conga » de l'entreprise Yanacocha (multinationale
Newmont-Buenvaventura-Banque Mondiale).
Ce projet d'exploitation
minière à ciel ouvert, utilisant le processus de lixiviation, détruira cinq
lacs de haute montagne, 700 sources d’eau et 260 hs de prairies humides. Il
constitue une menace directe pour la santé et la vie des habitants, ainsi que
pour l'environnement de cette importante région agricole péruvienne,
raisons pour lesquelles il fait l’objet, depuis trois ans, d’une mobilisation
unitaire et, nous le réitérons, pacifique, d'une ampleur sans précédent au
Pérou. Suite à cette résistance populaire et à la répression meurtrière des manifestations
de juillet 2012, au cours desquelles cinq
personnes furent tuées par la police à Célendin et à Bambamarca, et une
cinquantaine blessées par balle, le méga projet « Conga » fut
officiellement suspendu en août 2012.
L'indignation provoquée par
cette vague de violence avait alors soulevé l'ensemble de la population de
cette région des Andes et suscité la solidarité nationale et internationale.
Aujourd’hui, toutes les
associations démocratiques, organisations sociales, syndicats et personnalités
étrangères qui manifestèrent leur indignation et leur solidarité avec
Cajamarca, et dont les objectifs humanitaires ne peuvent être mis en doute,
sont l’objet d’une campagne de dénigrement lancée à Lima par la presse au
service de l’entreprise minière, qui se moque du fait que ces gestes de
solidarité aient été motivés par la défense des droits de l'homme, du droit à
l'eau, reconnu partie intégrante des droits humains au niveau international
depuis la résolution de l'Assemblée générale de l'ONU du 28 juillet 2010, et du
droit à consultation préalable, reconnu par la convention 169 de l'OIT.
La campagne de presse
calomnieuse actuelle, lancée par un soi-disant consultant, un serviteur du
secteur minier qui utilise des méthodes policières, qui a reconnu lui-même
avoir travaillé pour le compte de Yanacocha, et qui a été relayée par le groupe
de presse El Comercio (qui détient le monopole de 80% de la presse péruvienne),
n'est aucunement le fruit du hasard. Elle fait partie d'une stratégie
d'ensemble visant à discréditer auprès de l'opinion publique tous les opposants
au projet, nationaux et internationaux, en
se servant de la thèse grossière d'un complot de l'extérieur contre le
développement et les intérêts économiques de la nation péruvienne. La manœuvre vise à diviser et à isoler la
résistance, avant de la réprimer et d'imposer par la force le projet contesté.
Cette campagne coïncide
avec une conjoncture politique particulièrement alarmante :
- l'adoption, le 13 janvier 2014, de la loi N° 30151,
qui garantit l'impunité des forces policières et de l'armée en cas d’abus et de
violences et qui viole ouvertement les conventions internationales,
- l'installation récente d’importants contingents
policiers dans les trois villes de la région de Cajamarca concernées par la
mobilisation contre Conga : Célendin, Cajamarca et Bambamarca,
- la déclaration d'impunité et d'abandon des
recherches pour établir la responsabilité pour l’assassinat des cinq victimes
des manifestations de juillet 2012 par le tribunal de Chiclayo.
Dans ce contexte, qui en
plus est pré-électoral (élections régionales en novembre 2014), toutes les
forces favorables aux multinationales extractivistes se déchaînent et
s'unissent pour corrompre, acheter les consciences, diviser et réprimer ceux
qui refusent de voir leur région transformée en zone de sacrifice d'une logique
internationale et d'un modèle primo-exportateur destructeur, ceux qui défendent
un autre modèle de développement respectueux des relations humaines, de la
justice sociale et de l'environnement.
Devant cette situation
aucune organisation, aucune personnalité défendant les libertés démocratiques
et les droits humains, le droit à l'eau et à la vie, ne peut rester indifférent
ni garder le silence. Nous ne
le ferons pas !
Nous dénonçons par
conséquent cette campagne de presse calomnieuse et exigeons du groupe de presse
El Comercio notre droit élémentaire de réponse.
Nous demandons au
gouvernement péruvien de ne pas approuver et plutôt désavouer cette campagne diffamatoire contre des organisations et personnalités
politiques reconnues pour leur défense des droits démocratiques en France, en
Europe, au Pérou et dans le monde entier.
Nous alertons toutes les
organisations de défense des droits humains au niveau national et
international, appelons à la plus grande vigilance et réaffirmons
solennellement et fermement notre solidarité avec les populations de Cajamarca,
les membres des rondes paysannes et les dirigeants sociaux et politiques
péruviens directement menacés.
Nous appelons toutes les
organisations sociales et démocratiques défendant les droits humains et
environnementaux à renouveler leur solidarité en signant ce communiqué unitaire
et à rejoindre la coordination que nous constituons en France et en Europe.
À Paris, le 31 janvier de 2014.
Comité de Solidarité avec
Cajamarca - France
Autres adhérents :
Comité Celendín Hamburgo - Alemagne
Asociación de Peruanos en Suecia - Suede
Forum de Peruanos en el Exterior – Italie
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