samedi 1 février 2014

COMMUNIQUÉ : Le CSC et la campagne de presse au Pérou


 COMITÉ DE SOLIDARITÉ AVEC CAJAMARCA
 COMMUNIQUÉ

Une campagne médiatique a été lancée dernièrement au Pérou contre le mouvement de solidarité internationale avec la population de Cajamarca (Andes du Nord du Pérou), en lutte pacifique depuis trois ans, pour la défense de l'eau et de l’environnement, contre le méga projet minier « Conga » de l'entreprise Yanacocha (multinationale Newmont-Buenvaventura-Banque Mondiale).
Ce projet d'exploitation minière à ciel ouvert, utilisant le processus de lixiviation, détruira cinq lacs de haute montagne, 700 sources d’eau et 260 hs de prairies humides. Il constitue une menace directe pour la santé et la vie des habitants, ainsi que pour l'environnement de cette importante région agricole péruvienne, raisons pour lesquelles il fait l’objet, depuis trois ans, d’une mobilisation unitaire et, nous le réitérons, pacifique, d'une ampleur sans précédent au Pérou. Suite à cette résistance populaire et à la répression meurtrière des manifestations de juillet 2012, au cours desquelles cinq personnes furent tuées par la police à Célendin et à Bambamarca, et une cinquantaine blessées par balle, le méga projet « Conga » fut officiellement suspendu en août 2012.
L'indignation provoquée par cette vague de violence avait alors soulevé l'ensemble de la population de cette région des Andes et suscité la solidarité nationale et internationale.
Aujourd’hui, toutes les associations démocratiques, organisations sociales, syndicats et personnalités étrangères qui manifestèrent leur indignation et leur solidarité avec Cajamarca, et dont les objectifs humanitaires ne peuvent être mis en doute, sont l’objet d’une campagne de dénigrement lancée à Lima par la presse au service de l’entreprise minière, qui se moque du fait que ces gestes de solidarité aient été motivés par la défense des droits de l'homme, du droit à l'eau, reconnu partie intégrante des droits humains au niveau international depuis la résolution de l'Assemblée générale de l'ONU du 28 juillet 2010, et du droit à consultation préalable, reconnu par la convention 169 de l'OIT.
La campagne de presse calomnieuse actuelle, lancée par un soi-disant consultant, un serviteur du secteur minier qui utilise des méthodes policières, qui a reconnu lui-même avoir travaillé pour le compte de Yanacocha, et qui a été relayée par le groupe de presse El Comercio (qui détient le monopole de 80% de la presse péruvienne), n'est aucunement le fruit du hasard. Elle fait partie d'une stratégie d'ensemble visant à discréditer auprès de l'opinion publique tous les opposants au projet, nationaux et internationaux, en se servant de la thèse grossière d'un complot de l'extérieur contre le développement et les intérêts économiques de la nation péruvienne. La manœuvre vise à diviser et à isoler la résistance, avant de la réprimer et d'imposer par la force le projet contesté.
Cette campagne coïncide avec une conjoncture politique particulièrement alarmante :
- l'adoption, le 13 janvier 2014, de la loi N° 30151, qui garantit l'impunité des forces policières et de l'armée en cas d’abus et de violences et qui viole ouvertement les conventions internationales,
- l'installation récente d’importants contingents policiers dans les trois villes de la région de Cajamarca concernées par la mobilisation contre Conga : Célendin, Cajamarca et Bambamarca,
- la déclaration d'impunité et d'abandon des recherches pour établir la responsabilité pour l’assassinat des cinq victimes des manifestations de juillet 2012 par le tribunal de Chiclayo.
Dans ce contexte, qui en plus est pré-électoral (élections régionales en novembre 2014), toutes les forces favorables aux multinationales extractivistes se déchaînent et s'unissent pour corrompre, acheter les consciences, diviser et réprimer ceux qui refusent de voir leur région transformée en zone de sacrifice d'une logique internationale et d'un modèle primo-exportateur destructeur, ceux qui défendent un autre modèle de développement respectueux des relations humaines, de la justice sociale et de l'environnement.
Devant cette situation aucune organisation, aucune personnalité défendant les libertés démocratiques et les droits humains, le droit à l'eau et à la vie, ne peut rester indifférent ni garder le silence. Nous ne le ferons pas !
Nous dénonçons par conséquent cette campagne de presse calomnieuse et exigeons du groupe de presse El Comercio notre droit élémentaire de réponse.
Nous demandons au gouvernement péruvien de ne pas approuver et plutôt désavouer cette campagne diffamatoire contre des organisations et personnalités politiques reconnues pour leur défense des droits démocratiques en France, en Europe, au Pérou et dans le monde entier.
Nous alertons toutes les organisations de défense des droits humains au niveau national et international, appelons à la plus grande vigilance et réaffirmons solennellement et fermement notre solidarité avec les populations de Cajamarca, les membres des rondes paysannes et les dirigeants sociaux et politiques péruviens directement menacés.
Nous appelons toutes les organisations sociales et démocratiques défendant les droits humains et environnementaux à renouveler leur solidarité en signant ce communiqué unitaire et à rejoindre la coordination que nous constituons en France et en Europe.

À Paris, le 31 janvier de 2014.

Comité de Solidarité avec Cajamarca - France

Autres adhérents :

Comité Celendín Hamburgo - Alemagne
Asociación de Peruanos en Suecia - Suede
Forum de Peruanos en el Exterior – Italie
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